Skip Navigation
Fonds l'Eau vive banniere
Le mauvais genre de l’histoire
CHRONIQUE Francopresse Julie Gillet
/ Categories: Société, Femmes

Le mauvais genre de l’histoire

Julie Gillet est directrice du Regroupement féministe du Nouveau-Brunswick.

Octobre est le Mois de l’histoire des femmes au Canada. L’occasion de faire le point sur la place des femmes dans les manuels scolaires et les imaginaires collectifs. Et de constater les progrès qu’il reste à faire.

Je me souviens des pages cornées de mes manuels d’histoire à l’école, toutes flétries par les hordes de mains adolescentes avant moi. Au fil des chapitres se succédaient les portraits des « grands » hommes, leurs découvertes scientifiques, leurs réalisations politiques et leurs faits d’armes.

Parfois, au détour d’une illustration, une femme derrière son métier à tapisserie ou au bras d’un puissant. Très rarement, la biographie d’une reine ou d’une mécène. Pas beaucoup de modèles auxquels m’identifier à l’époque, encore moins de cadre théorique visant à m’interroger sur les logiques de domination mises en œuvre.

Image
Emily Murphy, leader de l’affaire « personne » en 1928 qui a permis aux femmes canadiennes d’être considérées comme des personnes par le droit canadien. Crédit : Mélanie Tremblay / Francopresse

Vous me direz que c’était les années 1990, que bien du chemin a été parcouru depuis pour donner plus de visibilité aux femmes. Eh bien, pas tant que ça.

Une étude menée en Ontario sur les manuels scolaires publiés dans les années 2000 a révélé que des femmes ne sont mentionnées que dans 5 % des textes, et qu’elles n’apparaissent que dans 16 % des images. De plus, celles-ci sont quasiment toutes blanches et appartiennent presque toujours aux plus hautes classes socioéconomiques.

C’est peu dire que l’histoire enseignée dans nos écoles ne présente qu’une image très partielle de la réalité, occultant par ailleurs complètement les groupes minorisés et les multiples discriminations vécues par ces derniers, tout comme leurs contributions inestimables à la société.

Une approche patriarcale de l’histoire

De tout temps, les femmes ont travaillé dans l’agriculture, l’artisanat, le commerce, l’industrie, les services. Elles ont été savantes, philosophes, écrivaines, artistes. Elles ont activement participé aux mouvements sociaux et révolutionnaires. Elles ont gouverné des pays. De riches et puissantes communautés religieuses féminines ont joué un rôle important sur les plans politique, économique, social et culturel.

L’effacement des femmes dans les manuels d’histoire ne résulte donc pas de l’histoire elle-même, mais bien de la manière dont certaines personnes ont choisi de la raconter.

En effet, jusqu’à récemment, les spécialistes de l’histoire, qui sont le produit d’une tradition académique patriarcale, s’intéressaient surtout à la sphère publique, aux guerres et aux relations de pouvoir, où les hommes prédominaient.

Image
Nellie McClung et Irène Parlby Nellie McClung, romancière et journaliste, et Irène Parlby, deuxième femme de l’histoire nommée au cabinet du gouvernement de l’Alberta, sont deux des cinq femmes qui ont milité dans l’affaire « personne » en 1928. Crédit : Mélanie Tremblay / Francopresse

Les sphères domestiques, sociales et culturelles, jugées moins nobles, suscitaient peu d’intérêt, tout comme l’analyse des relations de pouvoir entre les différents groupes sociaux.

Où sont les femmes ?

Mais qu’en est-il en dehors des salles de classe ? Les femmes sont-elles plus visibles ? Pas vraiment. Ainsi, 80 % des biographies en français sur l’encyclopédie en ligne Wikipédia sont consacrées à des hommes – une lacune que le mouvement les sans pagEs tente de combler depuis plusieurs années.

Quant au célèbre concours de la plus grande personnalité canadienne organisé par CBC en 2004, il ne compte tout simplement aucune femme parmi les 10 personnes au sommet du palmarès.

Les nécrologies publiées par le journal américain New York Times constituent un autre exemple. Il y a quelques années, la journaliste Amy Padnani s’est rendu compte que très peu de femmes et de personnes de couleur avaient fait l’objet d’une biographie dans le prestigieux journal à leur décès. La poète Sylvia Plath ou la pionnière des sciences informatiques Ada Lovelace, par exemple, n’ont pas eu cet honneur.

La journaliste tente depuis plusieurs années de rattraper le retard avec son initiative Overlooked, qui raconte les histoires de personnes issues de communautés marginalisées.

Mais si les femmes sont aussi peu présentes dans les imaginaires collectifs et les encyclopédies, c’est aussi parce que nombre d’entre elles se sont vues tout simplement voler les mérites de leurs découvertes par des hommes, comme Lise Meitner pour la fission nucléaire ou Mileva Maric Einstein, épouse du seul Einstein dont l’histoire a retenu le nom.

Cette pratique était aussi assez courante dans les arts : une théorie attribue par exemple une partie des œuvres de Johann Sebastian Bach à sa femme, Anna Magdalena.

Réécrire l’histoire

L’histoire que nous connaissons est une vision subjective de l’histoire, écrite majoritairement par des hommes. Elle s’inscrit dans un cadre de pensée patriarcal, qui a relégué les femmes dans les marges.

En ce Mois de l’histoire des femmes, réapproprions-nous nos histoires. Nous ne sommes pas des personnages secondaires. Nous faisons partie du récit, et nous exigeons que nos voix comptent.

Print
5094

CHRONIQUE Francopresse Julie GilletFrancopresse

Other posts by CHRONIQUE Francopresse Julie Gillet
Contact author

Contact author

x
Gerer un OSBL : ça s’apprend !

Gerer un OSBL : ça s’apprend !

Parfois, un cours 101 sur la gestion d’un OSBL est de mise.

Wednesday, March 15, 2017/Author: André Magny (Francopresse)/Number of views (30920)/Comments (0)/
L’apprentissage de la propreté : entre stress, joie et patience

L’apprentissage de la propreté : entre stress, joie et patience

Les premiers mois de l’arrivée de notre bébé nous transportent de joie. Puis, arrive le temps fatidique de cet apprentissage qui nous semble insurmontable : la propreté !

Sunday, March 12, 2017/Author: Sandra Hassan Farah /Number of views (42898)/Comments (0)/
Quel avenir pour le couvent Jésus-Marie?

Quel avenir pour le couvent Jésus-Marie?

Gravelbourg se mobilise pour sauver un joyau de notre patrimoine

GRAVELBOURG - L’avenir de l’édifice se joue en ce moment.  Est-ce que ce monument à un pan de l’histoire fransaskoise ne survivra qu’en photos?  

Tuesday, March 7, 2017/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (29875)/Comments (0)/
Hommage à Monique Rousseau 1960-2017

Hommage à Monique Rousseau 1960-2017

Décès de la première enseignante de l’École canadienne-française de Saskatoon

SASKATOON - Le 5 février dernier, des centaines de personnes se sont rendues au pavillon élémentaire de l’École canadienne-française de Saskatoon pour rendre hommage à Monique Rousseau, la première enseignante de l’école, décédée le 20 janvier 2017. 
Wednesday, March 1, 2017/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (36489)/Comments (0)/
« Maman, quand est-ce qu’on arrive? »

« Maman, quand est-ce qu’on arrive? »

Voyager avec un enfant

Voyager en voiture, en avion ou en train pour un long trajet représente toujours un défi pour les parents. 
Thursday, February 2, 2017/Author: Sandra Hassan Farah /Number of views (43912)/Comments (0)/
Programme de sciences infirmières en français à Regina dès 2018

Programme de sciences infirmières en français à Regina dès 2018

La signature d’un protocole d’entente entre la Faculté de sciences infirmières de l’Université de Regina et La Cité universitaire francophone a eu lieu le 9 décembre 2016. Ce protocole vise à offrir un programme postsecondaire bilingue en sciences infirmières dès 2018. 

Saturday, January 21, 2017/Author: La Cité universitaire francophone/Number of views (36834)/Comments (0)/
Des graphistes en herbe à l’École Valois

Des graphistes en herbe à l’École Valois

La classe de la 3e année de l'École Valois a conçu une affiche pour la pièce de théâtre Par amitié. Selon leur enseignante, madame Nathalie Beaulieu, "la classe a eu beaucoup de plaisir à concevoir des affiches pour la pièce de théâtre. Cela correspondait à mon programme d'étude de faire une affiche en utilisant le titre d'une pièce où d'un livre. Quel beau travail ont fait les élèves."

Monday, January 2, 2017/Author: ENDV/Number of views (43326)/Comments (0)/
Jour du Souvenir aux écoles Beau Soleil et Mathieu de Gravelbourg

Jour du Souvenir aux écoles Beau Soleil et Mathieu de Gravelbourg

GRAVELBOURG - C’est le 9 novembre dernier que les jeunes des écoles Beau Soleil et Mathieu de Gravelbourg, le personnel des deux institutions scolaires et des membres de la communauté fransaskoise se sont donné rendez-vous pour la célébration du Jour du Souvenir sous le thème « Nous nous souviendrons ».

Friday, December 2, 2016/Author: Michel Vézina/Number of views (35562)/Comments (0)/
Article 23 : Un autre faux départ pour le préscolaire?

Article 23 : Un autre faux départ pour le préscolaire?

Il y a dix ans, la Table nationale en petite enfance devait faire des choix critiques. Ses membres ont décidé de continuer à se réseauter et à développer des modèles de lieux de service pour stimuler un mouvement national. Et ils ont écarté la stratégie juridique, qui aurait consisté à monter une cause solide quelque part au pays.

Thursday, November 24, 2016/Author: Anonym/Number of views (46225)/Comments (0)/
Rencontre avec la nouvelle présidente du CSF

Rencontre avec la nouvelle présidente du CSF

"Je veux aider la communauté à guérir"

 

Christiane Guérette a été élue pour représenter le district de Saskatoon au sein du Conseil scolaire fransaskois (CSF) lors des élections scolaires du 26 octobre 2016. Elle a été choisie par une majorité de conseillers pour occuper la présidence du CSF succédant ainsi à Alpha Barry. L’Eau vive l’a rencontrée.


 

Thursday, November 24, 2016/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (35206)/Comments (0)/
Créer une relation complice avec son enfant

Créer une relation complice avec son enfant

Comment bâtir un lien durable

« Allez mon chéri, range vite tes affaires, prends ton goûter, relaxe-toi 5 minutes et fais tes devoirs. Puis prépare-toi, nous partons à ton entraînement de soccer. » Cette routine quasi quotidienne durant la semaine est commune dans bien des foyers.

Wednesday, November 23, 2016/Author: Sandra Hassan Farah /Number of views (49105)/Comments (0)/
Le devoir des écoles sans ressources

Le devoir des écoles sans ressources

Il faut enseigner la langue et la culture en même temps

« Il faut enseigner la langue et la culture en même temps. Si on ne le fait pas, on est voué à disparaître. »

Monday, November 21, 2016/Author: Réjean Paulin/Number of views (35826)/Comments (0)/
Inauguration de la nouvelle École Gravelbourg School

Inauguration de la nouvelle École Gravelbourg School

Mardi le 18 octobre 2016 avait lieu l’inauguration de l’École Gravelbourg School à Gravelbourg.
Friday, November 4, 2016/Author: Michel Vézina/Number of views (35017)/Comments (0)/
L'École Beau Soleil fête ses 25 ans au son de On n'est pas des cowgirls

L'École Beau Soleil fête ses 25 ans au son de On n'est pas des cowgirls

Un bon spectacle pour un anniversaire d'importance

GRAVELBOURG -  La communauté fransaskoise de Gravelbourg a célébré le 25ième anniversaire de l’École Beau Soleil, qui a vu le jour en 1990 au Centre culturel Maillard.

Sunday, October 30, 2016/Author: Michel Vézina/Number of views (34301)/Comments (0)/
Méditer à l’école

Méditer à l’école

Pour être en paix avec soi et avec les autres

Pourquoi amener la pratique de la méditation dans nos écoles? Parce qu'elle donne la possibilité de s’entraîner à ressentir ce qu’on est en train de vivre de façon concrète. Elle donne aux élèves la force mentale de pauser, ressentir, et stabiliser leur attention sur ce qu’ils-elles vivent
Saturday, October 29, 2016/Author: Frédéric Dupré et Céline Martin/Number of views (33704)/Comments (0)/
RSS
First1011121315171819Last

 - Saturday 23 November 2024