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S'exprimer autrement
Cette chronique, en collaboration avec La Cité universitaire francophone,  offre des textes dont les auteurs ont en commun d’avoir choisi le français comme langue seconde.

Radio-Canada comme enjeu électoral: silence radio

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Dès le début de la campagne électorale on aurait été en droit de s’attendre à ce que l’avenir de CBC/Radio-Canada soit sur la table. Après tout, c’est un enjeu qui a suscité bien des réactions au pays avec les coupures de financement à répétition infligées par le gouvernement Harper.

Au cours de la dernière année, il y a eu de nombreuses levées de bouclier pour se porter à la défense de notre diffuseur public. En novembre 2014,  25 000 personnes sont descendues dans la rue partout au Québec et à Moncton (Nouveau Brunswick) pour dénoncer le « démantèlement » de Radio-Canada. Du côté fransaskois, l’Assemblée communautaire fransaskoise  (ACF) a émis, depuis novembre 2014, trois communiqués pour dénoncer l’érosion des services de Radio-Canada.

Au mois de mai 2015, les chefs des principales formations politiques, à l’exception du Premier ministre Stephen Harper, avaient répondu à l’invitation de l’organisme Les Amis de Radio-Canada/Friends of CBC pour participer à une entrevue Web consacrée à leur vision du rôle du diffuseur et leur engagement envers celui-ci. (Ces entrevues peuvent être vues sur le site http://www.les-amis.ca).

Bref, on aurait cru qu’on en entendrait parler pendant la campagne. Mais jusqu’à date, rien. Silence radio. Aucune mention lors du débat des chefs organisé par la revue McLean’s. Aucune mention sur les sites Web des divers partis politiques. L'enjeu est totalement absent du buffet de promesses électorales.

On ne sera pas surpris qu'il n'y ait rien sur le site du Parti conservateur concernant l’avenir du diffuseur public. Monsieur Harper a une phobie des médias, surtout ceux qui font bien leur boulot. Par contre, l’absence totale d’engagement de la part des autres partis laisse songeur. Après tout, ces partis ont dénoncé haut et fort les coupures à la société d’état. En janvier de cette année le chef du Nouveau parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair, avait même promis de restaurer le financement du diffuseur public.

Ce qui est également étonnant, c’est l’absence de Radio-Canada dans les préoccupations de la population. Lorsque l’Eau vive a demandé à des Fransaskois de faire part des enjeux qu’ils aimeraient voir discutés pendant la campagne électorale, une seule personne a mentionné l’importance du soutien à Radio-Canada. Même la présidente de l’ACF n’a pas soulevé ce point lors d’une entrevue portant sur les prochaines élections.

Au cœur de cet enjeu, il y a l’indépendance politique de notre diffuseur dont le conseil d’administration est majoritairement composé de donateurs au Parti conservateur (9 sur 12).  Il y a également la question, documentée, de l’ingérence du gouvernement dans les prises de décisions. CBC a refusé de diffuser une publicité des Amis de Radio-Canada/Friends of CBC dénonçant le sort réservé par le gouvernement Harper au diffuseur public. Cette publicité a été acceptée par les diffuseurs privés. 

Avec les coupures successives dans CBC/SRC, le couperet est tombé sur les excellentes émissions d’affaires publiques et de reportages d’une qualité qu’on ne retrouvait pas ailleurs. Le gouvernement Harper aurait-il réussi son pari de rendre CBC/SRC si peu intéressant que plus personne ne se préoccupe de son sort? 

 

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