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S'exprimer autrement
Cette chronique, en collaboration avec La Cité universitaire francophone,  offre des textes dont les auteurs ont en commun d’avoir choisi le français comme langue seconde.

Léon Marchildon: Un grand fransaskois

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Léon Marchildon

Léon Marchildon

Photo: Famille Marchildon (2015)
La communauté fransaskoise vient de voir disparaître un autre de ses sages. Et comme le dit le proverbe : Un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle. Avec le décès de Léon Marchildon, nous venons de perdre toute l’expérience et la sagesse d’une vie. 

En arrivant en Saskatchewan, en 1979, j’ai d’abord établi mes racines fransaskoises à Zenon Park. C’est là que j’ai rencontré pour la première fois Léon Marchildon. Deux de ses enfants, Michel et Francis, étaient élèves dans les classes où j’enseignais. En y pensant d’un peu plus loin, il me semble le voir me demandant : « D’où tu viens, toi? ». Dans la sorte de perspicacité qu’il pouvait avoir devant quelqu’un de nouveau. Son approche nous analysait et oui, je semblais bien être un francophone assez convaincu pour lui.

Par la suite, je l’ai rencontré lors d’activités culturelles à Zenon Park, avec son épouse Hélène et les jeunes Michel et Francis. Mais autour d’eux, il y avait tout un clan de Marchildon, défenseur du français en tant que langue et culture.

Léon avait de multiples talents au-delà de l’agriculture. Il avait une prédilection pour la jeunesse. Pour lui, l’éducation française et la culture l’accompagnant étaient fondamentales. Et une simple école désignée ne rejoignait pas ses convictions. Bien qu’à l’époque, on tentait à Zenon Park de passer du type « B » (immersion) au type « A » (francophone), ça n’allait certainement pas assez vite. L’objectif c’était nos écoles et surtout notre commission scolaire.

Un autre volet dans lequel Léon Marchildon mettait beaucoup de temps et tellement de plaisir, c’était le mouvement scout francophone de la Saskatchewan. Nos jeunes y étaient engagés à cette époque et je crois fermement qu’ils y ont beaucoup gagné. Il convainquait aussi les parents de participer. D’ailleurs je me souviens d’un camp scout à Victoire, au mois de juin, où j’accompagnais les scouts de Zenon Park. Un soir on se couche avec une température descendante et le lendemain matin, on se réveille avec quelques centimètres de neige autour de nous. Mais cela ne gênait pas Léon Marchildon du tout car selon lui, tout bon scout peut vivre n’importe quelle situation avec détermination et plaisir. Ajoutez ce principe à un abbé Mercure et vous obtenez la recette pour du scoutisme réussi.

Lors de ma première réunion comme agent de développement de l’Association culturelle franco-canadienne de la Saskatchewan (ACFC), je me suis retrouvé animateur d’un groupe très investi dans la communauté, se penchant sur des orientations à donner à la Commission culturelle fransaskoise. Parmi eux, en plus de Léon Marchildon, on comptait Henri Poulin, Odette Carignan, Thérèse Gaudet, Marie-Rose Lemire, Hervé Leblanc, Rolland Pinsonneault et toute une salle remplie de membres influents de l’époque. Tu te sens petit mais tu apprends beaucoup.

Lorsque j’étais président de l’ACFC, Léon Marchildon était le conseiller nord au comité exécutif. Il nous faisait clairement connaître ses positions sur les différents sujets et parfois il pouvait être difficile à contrôler. Il avait pour son dire que la liberté de parole pouvait être un meilleur remède qu’une certaine retenue. Mais le plaisir des réunions avec Léon Marchildon, c’était la dégustation de son vin maison qui suivait chacune de nos rencontres, peu importe le climat de celles-ci. Ça ramenait tout le monde au plaisir de l’amitié. Ce vieux sage a occupé bien des postes dont plusieurs présidences comme celle de la Fédération des aînés fransaskois. On se souviendra de Léon Marchildon comme un bon leader, pas nécessairement flamboyant, mais très convaincant et surtout très convaincu. Repose en paix, Léon Marchildon et toutes nos pensées aux gens de ta famille que tu laisses en arrière.

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