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S'exprimer autrement
Cette chronique, en collaboration avec La Cité universitaire francophone,  offre des textes dont les auteurs ont en commun d’avoir choisi le français comme langue seconde.

Larguer les amarres

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On est dans le dernier droit de l’année scolaire. Le mois de mai achève et on verra à peine passer le mois de juin. Il y a le côté académique de cette période, avec la préparation aux examens de fin d’année, et il y a le côté festif, avec les compétitions sportives extérieures et les fêtes des finissants.

Pour les étudiantes et les étudiants qui sont en douzième année, c’est une dernière étape qui est franchie : elle paraissait si loin quand ces jeunes étaient au début de leur scolarisation.

Parmi ceux-ci, il y en a qui savent exactement la trajectoire qu’ils suivront : études postsecondaires de niveau collégial technique ou de niveau universitaire; un certificat, un baccalauréat, une maîtrise, un doctorat; le monde de la recherche ou le monde du travail; se marier; avoir des enfants; de fait toute l’histoire d’une vie.

Pour d’autres, le parcours sera plus sinueux. Peut-être un stage dans le monde du travail puis les études postsecondaires, puis après la vraie vie. Pour d’autres, il s’agira de prendre le baluchon et d’aller explorer le monde pendant un certain temps.

Les combinaisons s’offrent à l’infini quand il s’agit de sculpter son avenir, surtout quand on est jeune et qu’on veut s’attaquer à transformer le monde pour qu’il soit un meilleur endroit où vivre en fonction des talents dont on dispose pour le transformer.

C’est aussi le moment où les amarres seront larguées, c’est-à-dire, en termes de navigation, que les cordages seront lâchés pour permettre au navire, dans ce cas, à la jeune personne, de sortir du port, ou de quitter le milieu scolaire et très souvent de s’éloigner du milieu familial. Et il faudra bien que le milieu familial qui a bien couvert et préparé ces jeunes lâche prise, car ça fait déjà un bon moment que l’oiseau veut voler de ses propres ailes. On s’entend qu’il faudra peut-être que le milieu familial procure encore quelques ressources pour que ce nouvel être humain parte à sa propre recherche.

C’est toujours très émotif de voir ces jeunes femmes et ces jeunes hommes participer aux cérémonies entourant la fin du cycle scolaire. Elles sont belles dans leur robe de bal; ils sont beaux dans leur tuxedo pour le bal. Bien des larmes suintent dans les yeux des parents. Comme parents, comme enseignants, comme communauté nous sommes fiers de ces nouveaux citoyens francophones, pour lesquels notre système scolaire fransaskois a mis le paquet pour les former en renforçant leur langue, leur culture et leur identité francophone.

Évidemment, vous allez comprendre que je parle ici des jeunes qui finissent dans les écoles fransaskoises du Conseil des écoles fransaskoises. Si nous pouvons nous féliciter de cet extraordinaire résultat, il y a quand même une conséquence au bout : nous exportons ces finissantes et ces finissants hors de la province faute d’avoir un réseau postsecondaire, tant du niveau collégial qu’universitaire, capable de répondre à leurs aspirations. Le Collège Mathieu et la Cité universitaire francophone offrent actuellement un embryon de possibilités. Il en faut plus si nous voulons garder nos francophones en Saskatchewan, où ils auront des emplois et où ils fonderont des familles.

Le travail à faire en éducation est loin d’être fini. Autant il faut travailler sur les niveaux élémentaire et secondaire, autant il faut le faire au préscolaire et au postsecondaire : tout un défi doit-on l’admettre, mais on en a vu d’autres. En attendant, prenons le temps de fêter avec nos finissantes et nos finissants. Elles et ils le méritent bien !

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