Agenda littéraire

Dre Marie-Diane Clarke

Dynamique de création et parcours d’accompagnement aux auteur·e·s

SOUTIEN À LA CRÉATION EN SASKATCHEWAN

Les participant·e·s de la table ronde organisée par le Collectif d’études partenariales de la Fransaskoisie (CEPF), que j’ai modérée le 20 mars 2021, ont raconté leurs parcours créatifs et ont évoqué les initiatives qui soutiennent les projets de création de la communauté littéraire et artistique fransaskoise. Ce faisant, ils ont partagé la vision d’un regroupement d’auteur·e·s dont la mission est de faire valoriser la richesse des cultures et des parlers de l’Ouest et du Nord canadiens.

Le soutien offert par La Troupe du Jour et le Conseil culturel fransaskois

BRUCE MCKAY, devenu directeur artistique de La Troupe du Jour en 2019, a mentionné quelques-unes des productions qui résultent des activités du Cercle des écrivains depuis sa création, entre autres Le Costume (1999), Le Mariage d’la fille Gareau (2005) et Bonneau et la Bellehumeur (2009) de Raoul Granger, Le Six (2000), Cinq ans (2004) et Les Trois points de Tryo (2018) de David Baudemont, La Maculée de Madeleine Blais-Dahlem (2011), et La Chambre blanche (2014) de Ian C. Nelson.

LAURIER GAREAU a souligné qu’avant la fondation du Cercle des écrivains en 1999, Denis Rouleau, directeur artistique de La Troupe du Jour de 1990 à 2019, cherchait déjà à développer l’écriture dramatique en Saskatchewan et en Alberta. Dans ce but, Rouleau appuyait l’organisation des festivals théâtraux communautaires. Gareau a ajouté que, grâce aux initiatives du cercle, Les Éditions de la nouvelle plume ont pu publier à partir de 2006 plusieurs pièces fransaskoises dans les 6 tomes de l’ouvrage Le Théâtre fransaskois : Recueil de pièces de théâtre.

DAVID BAUDEMONT a indiqué que :

  • le Cercle des écrivains ne se limite plus essentiellement à la création d’œuvres théâtrales ;
  • ce cercle accueille tous les genres et offre des suggestions avec bienveillance ;
  • Madeleine Blais-Dahlem partage avec lui depuis 2019 la tâche d’organiser le Cercle des écrivains, après les dix-neuf années d’animation assurées par le conseiller dramaturgique Ian C. Nelson (2000-2019) ;
  • les rencontres du cercle ont lieu d’octobre à avril et se terminent par une mini-retraite suivie d’une présentation des textes lors d’un spectacle ;
  • pendant l’été, le Cercle des écrivains cède la place aux séances et à l’animation bénévole et tournante de la Co-op des écrivains ;
  • l’idée d’un retour des festivals de la création littéraire tels que le Festival Découvertes, avec la contribution des auteur·e·s du Nord comme de l’Ouest, est appuyée par les initiatives du Conseil culturel fransaskois ;
  • si À Ciel Ouvert publie des textes d’auteur·e·s fransaskois.es, le plus grand défi est d’amener les écrivain·e·s à créer des œuvres plus longues que celles soumises à cette revue, entre autres des pièces de théâtre ou des romans.

AURÉLIE LABRIÈRE, la coordonnatrice de projets au Conseil culturel fransaskois (CCF), a mentionné :

  • les soirées littéraires interprovinciales et interterritoriales qu’elle animait entre le 9 et le 25 mars 2021 ;
  • la discussion menée par Laurier Gareau durant le forum du 27 et 28 mars 2021 concernant la création d’un regroupement dédié à la diversité des visages et des textes d’auteur·e·s des quatre provinces de l’Ouest et des Territoires du Nord-Ouest ;
  • le programme d’aide aux artistes fransaskois (PAA) qui offre aux auteur·e·s émergent·e·s et établi·e·s des subventions pour leur démarche de professionnalisation, ou la création et la diffusion de leurs œuvres. 

Collaborations théâtrales et écritures collectives

GABRIEL GOSSELIN, directeur artistique de La Troupe du Jour, a mené une discussion animée avec Yvette Nolan concernant l’écriture collective dans le milieu théâtral, et plus particulièrement lors de la production du Gabriel Dumont’s Wild West Show en 2018.

YVETTE NOLAN, dramaturge et metteure en scène, a été directrice artistique de 2003 à 2011 pour le théâtre professionnel autochtone Native Earth Performing Arts. C’est une artiste inspirée et inspirante, aux multiples talents, qui partage avec sa mère la passion pour l’opéra, et qui admire chez elle le talent d’être polyglotte puisqu’elle parlait l’algonquin-anishinaabe, le français et l’anglais.

Nolan a travaillé ou collaboré à la création et à la production de plusieurs œuvres qui exploitent différentes formes théâtrales ou de spectacles, entre autres The Unplugging (1999), Bearing (2017), Shawnadithit (2019), Katharsis (2020), et You Can’t Get There From Here (2021). Elle a collaboré avec Joel Bernbaum et Lancelot Knight à un projet d’écriture qui, aboutissant à la création de la pièce Reasonable Doubt (2020), nous invite à une réflexion sur les rapports entre les communautés autochtones et non autochtones à Saskatoon.

Ayant reçu le prix Gascon-Thomas 2021 pour l’ensemble d’une carrière, cette dramaturge a eu le courage et la détermination de poursuivre l’ambition de produire un théâtre solidaire, révélateur des traumatismes intergénérationnels des communautés autochtones. Elle a su montrer sur le plateau « toute la force et le grand pouvoir de transformation et d’émancipation de la mise en scène d’histoires », pour reprendre ses propres termes (Nolan paragr. 6). Ce faisant, elle a parcouru bien des espaces géographiques, de la Saskatchewan où elle est née jusqu’au Yukon, au-delà des frontières canadiennes jusqu’en Nouvelle-Zélande, pour partager avec d’autres communautés artistiques autochtones le désir et le plaisir de sortir de l’invisibilité.

Pendant leur conversation, Gabriel Gosselin et Yvette Nolan ont rapporté que la production du Wild West Show de Gabriel Dumont a rassemblé autour d’un texte multilingue dix auteur·e·s dont Nolan, et des comédiens et comédiennes, entre autres Gosselin. Les diverses langues et les clins d’œil anachroniques de ces participant·e·s ont fait résonner sur la scène les voix du passé et du présent de plusieurs communautés, anglophones, francophones et autochtones. Le tissage culturel et la diversité visuelle, vocale et musicale offerts par ce spectacle ont fasciné les publics de plusieurs compagnies théâtrales : le Théâtre Persephone, le Théâtre Gordon Tootoosis Nikaniwn, La Troupe du Jour, le Théâtre français du Centre national des arts, le Nouveau Théâtre Expérimental, le Théâtre Cercle Molière et le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui.

Yvette Nolan a souligné que :

  • l’intention de Jean-Marc Dalpé et d’Alexis Martin était bien au départ de faire découvrir aux Canadiens, par le truchement du théâtre et avec la précieuse contribution de dramaturges et d’artistes autochtones, la véritable histoire des Métis de l’Ouest canadien au 19e siècle et de leur lutte pour la reconnaissance de leurs droits ;
  • la tournée nationale de cette production l’a amenée à vivre des moments inoubliables d’échanges franglais, à apprécier l’esprit généreux des créateurs et des participants de ce spectacle qui ont voulu écouter et faire écouter l’histoire des Autochtones de ce territoire;
  • le théâtre est pour toute communauté la meilleure forme de communication.

C’est donc avec enthousiasme qu’elle a loué la production du Gabriel Dumont’s Wild West Show, qui s’avère révélatrice de ce que le théâtre canadien veut être aujourd’hui : une célébration des vies et des parlers d’hommes et de femmes de l’Est et de l’Ouest, d’autrefois et d’aujourd’hui, prêts à s’écouter et surtout à écouter l’histoire des Autochtones.

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