Carte postale d’Afrique australe
Le titre de cet article aurait pu être “Voyage au pays de Mandela”. Mais voila, je ne voulais pas sombrer dans cette tendance réductrice où l’Afrique du Sud se résume au Grand Nelson. Loin de moi l’idée de minimiser les miracles réalisés par “Madiba”, le père de la nation, mais ce pays magnifique réserve beaucoup d’autres surprises. Partons ensemble à sa découverte!
Fraîchement arrivée à Johannesburg, je rencontre un jeune homme qui me dit “C’est ta première fois en Afrique? Tu n’es pas trop déçue? Je suis sûr que tu t’attendais à voir des routes en terre pleines de trous et des enfants avec des mouches dans les yeux qui n’ont pas à manger n’est-ce pas?”.
Sans aller jusqu’à ces extrêmes, c’est vrai que je ne m’attendais pas à ce que j’ai découvert en visitant Johannesburg : une ville moderne, que dis-je, à la pointe de la technologie, qui ferait même pâlir d’envie beaucoup de villes canadiennes. Une ville vibrante où la musique House jaillit à tous les coins de rue. Une ville chic où les femmes élégantes habillées de grandes marques occidentales défilent comme sur des podiums et les jeunes “hipsters” aux coiffures extravagantes dansent le hip-hop dans les rues et se prennent en photo avec leurs tablettes et téléphones intelligents comme ils le feraient à Paris, Tokyo ou Mexico.
Mais tout n’est pas rose au pays des Springboks . Le pays est gangrené par une délinquance galopante et est malheureusement très bien classé dans des catégories peu enviables telles le taux de vols, de viols et de meurtres, non seulement au niveau du continent africain mais aussi à l’échelle mondiale. Malgré de nombreux efforts déployés ces dernières années pour assainir la situation, notamment à l’approche de la Coupe du Monde en 2010, les différents gouvernements qui se succèdent assistent, impuissants, à la montée de la violence. Et malgré la beauté et l’économie prometteuse du pays, de plus en plus de familles se voient contraintes de le quitter pour chercher un avenir plus tranquille ailleurs.
Les incontournables de “Jo’burg”
Riche de ses mines de diamants et d’or, la mégalopole de 7 millions d’habitants est souvent prise à tort pour la capitale de l’Afrique du Sud. Mais c’est en fait sa voisine Pretoria qui en est le cœur administratif et la capitale officielle. Un des quartiers les plus connus de Jo’burg est Soweto. Il a vu naître Nelson Mandela et a aussi été le berceau des mouvements contestataires lors de l’apartheid. Pendant cette période de ségrégation qui a duré de 1948 à 1994, noirs, blancs et personnes d’origines diverses (appelés Colored) vivaient des vies en parallèle et ne pouvaient fréquenter les mêmes écoles, commerces, restaurants ou lieux publics.
Pour en connaître plus sur cette triste période, il faut ab-so-lu-ment visiter le Musée de l’Apartheid. Véritable joyau, ce musée vous plonge dans la brutalité et l’émotion de la vie de l’époque. Dès la porte d’entrée, l’ordinateur qui imprime les billets vous indique aléatoirement si vous serez blanc ou noir durant votre visite. Selon la couleur qui vous est assignée, vous prendrez un chemin différent, vivrez votre visite “dans la peau de…” Étrange sentiment.
Et bien sur, vous ne pouvez visiter l’Afrique australe sans partir à la découverte de sa faune et de sa flore sauvage. A quelques heures de Johannesburg se trouvent des réserves gigantesques où se promènent en liberté zèbres, girafes, autruches, rhinocéros, mais aussi lions et jaguars. Quel plaisir des yeux de voir ces animaux déambuler dans leur habitat naturel à quelques mètres de vous! Mais malheureusement, tous les visiteurs n’ont pas que de bonnes intentions : le braconnage des rhinocéros est un véritable fléau avec plus de 1200 animaux tués en 2014. Ce commerce illicite engendre des millions grâce à la forte demande de cornes de rhinocéros en Asie, où elles sont utilisées dans la médecine traditionnelle et vendues à prix d’or.
La lutte contre le braconnage est une des priorités des gouvernements de la région, et des exemples comme celui du désormais tristement célèbre Cecil le lion, tué au Zimbabwe voisin, mettent en lumière la situation. Mais combien de temps encore la communauté internationale va-t-elle se soucier du sort de ces animaux avant de passer à un autre sujet plus tendance?
Il m’est impossible de vous décrire toutes les merveilles dont recèle l’Afrique du Sud en seulement quelques paragraphes. Alors si je n’avais qu’un seul conseil à donner: allez-y, vous ne le regretterez pas!
Mon périple en Afrique australe m’a également menée au Botswana, un petit pays méconnu dont je vous parlerai la semaine prochaine.