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24 heures dans une maison de soins prolongés

Plongée dans le quotidien du personnel soignant

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Gloriose Gahizi est infirmière auxiliaire depuis 9 ans. Elle nous raconte son quotidien en maison de soins infirmiers à Saskatoon. Un mélange aigre-doux de travail en sous-effectif, de petits moments de complicité avec les patients, mais aussi le portrait de la solitude des aînés.

Le matin 

L’équipe de jour : 5 infirmières et 14 préposés pour 140 patients

L’équipe de nuit passe le relais à l’équipe de jour. Un point est fait sur la condition médicale des résidents. On regarde l’emploi du temps pour voir si certains patients ont des rendez-vous médicaux à l’extérieur et lesquels on doit préparer en premier. En effet, chaque patient est lavé une fois par semaine seulement, les autres jours ils sont débarbouillés au lavabo ou dans leur lit. Sur une unité de 50 résidents avec 6 préposés, on ne peut pas faire plus, car cela implique de déplacer les patients, les laver, les habiller... Ces opérations prennent du temps et nous sommes en sous-effectif.

Tous les résidents sont ensuite amenés à la salle de petit-déjeuner, sauf ceux qui sont trop malades, contagieux, ou ne souhaitent pas y aller. On leur sert de la nourriture santé, on veille aussi à ce qu’ils soient bien hydratés. Les médicaments sont administrés, selon les doses préparées par les infirmières.

Un employé s’occupe de l’organisation d’activités pour les résidents : concerts de bénévoles, ateliers de cuisine, jeux de motricité avec un ballon. Il peut aussi y avoir des activités de physiothérapie suivies d’évaluations sur l’évolution de la santé. Pendant l’été, de jeunes bénévoles sortent les patients pour des promenades dans le quartier.

Le midi

Nous avons des défis pour nourrir les patients en perte d’autonomie. Il y en a de plus en plus chaque jour, et cela demande du personnel. On s’assoit entre deux personnes pour les nourrir en même temps par exemple. Les personnes qui font le service, et dont ce n’est pas la tâche, viennent aider au moment des repas. Des familles et des bénévoles viennent spécialement pour nous aider à nourrir les patients. C’est vraiment un travail d’équipe.

L’après-midi

Une collation est servie. Certains patients retournent dans leur chambre pour se reposer, d’autres ont des rendez-vous médicaux ou des visites de leur famille. C’est aussi le moment de faire les réunions avec nos supérieurs pour préparer le shift de nuit. Et c’est le temps de changer les positions des personnes en soins palliatifs pour éviter les plaies de lits.

La nuit

L’équipe de nuit : 2 infirmières et 5 préposés pour 140 patients

De nouveau, il y a passage de relais entre les équipes de jour et de nuit.

On change les culottes d’incontinence des patients et on les prépare pour le souper. On les ramène ensuite dans leur chambre. Certains préfèrent s’assoir dans les corridors pour discuter avec le personnel et ne pas rester seuls dans leurs chambres.

La nuit, il y a souvent des urgences : des gens qui tombent en voulant aller aux toilettes, des personnes qui tombent malades ou inconscientes. Il faut être aussi vigilant qu’en journée.

Les difficultés rencontrées au quotidien

La difficulté principale c’est le manque de personnel. Nous ne pouvons pas donner l’attention que nous voudrions à chaque patient alors que c’est important pour le maintien de leur santé. Nous pourrions éviter des frustrations de la part des patients, du personnel et des familles. Certaines familles sont difficiles et se plaignent du service, mais beaucoup comprennent notre situation et nous aident bénévolement.

Les bons côtés du métier

Le travail en équipe et l’entraide sont très importants. Le soutien moral des superviseurs nous motive à continuer chaque jour. Maintenir un environnement sain et propre pour nos patients est une fierté.

J’ai eu le cas d’une patiente qui, avec l’âge, avait oublié l’anglais. Les autres membres du personnel pensaient qu’elle ne pouvait pas parler. Mais lorsque je lui ai parlé en français, elle m’a répondu. Elle est contente de pouvoir parler avec moi et elle a retrouvé le sourire. On est content de voir que l’on sauve des vies. Et on est content quand un patient nous dit merci.