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La FCFA peu impressionnée par le logiciel de traduction Portage

Le français au gouvernement fédéral

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Sylviane Lanthier, Présidente, Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada

Sylviane Lanthier, Présidente, Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada

Pour la fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, le système de traduction automatique Portage que veut implanter le fédéral dans l’ensemble de la fonction publique du Canada risque d’accentuer « l'érosion généralisée des capacités des institutions fédérales en matière de communication dans les deux langues officielles ».

La présidente de la FCFA, Sylviane Lanthier, croit même que cet outil porterait atteinte aux parties IV et V de la Loi sur les langues officielles, a-t-elle indiqué la semaine dernière devant le Comté permanent des langues officielles de la Chambre des communes.

Ces articles portent sur le droit des Canadiens de communiquer avec le gouvernement fédéral et d’en recevoir les services dans leur langue, ainsi que le droit pour les fonctionnaires de travailler dans la langue officielle de leur choix.

« Ce qui saute aux yeux quand on regarde l’ensemble des témoignages devant votre comité, a-t-elle lancé aux députés, c’est qu’il y a un manque de clarté quant au problème que le Bureau de la traduction essaie de régler, ainsi qu’une confusion par rapport à l’utilisation qu’on veut faire de cet outil. »

Un leader

Le logiciel de traduction automatique Portage a été développé au cours des dernières décennies par l’Institut de technologie de l’information (ITI) du Conseil national de recherche du Canada (CNRC). Le gouvernement fédéral devait l’installer sur les postes de travail de tous les fonctionnaires le 1er avril, mais il a fait marche arrière devant un tollé.

« Portage est l’aboutissement de nos recherches en vue de créer un système robuste et adaptable, articulé sur les techniques d’apprentissage machine », déclarait en 2009 un porte-parole du CNRC, Michel Mellinger, en précisant (qu’il) « ne remplacera jamais les personnes, car la qualité des traductions réalisées à la main surpassera toujours celles des traductions automatiques; (il) leur permettra simplement de travailler plus vite  (…) face à une demande grandissante.

« Bientôt, poursuivait-il, la majeure partie du travail du traducteur consistera à réviser un texte de qualité produit mécaniquement », alors que le CNRC indiquait que « dorénavant, le Canada rivalisera avec les chefs de file mondiaux de l’industrie langagière ».

Quel usage ?

Cela est bien loin de calmer les appréhensions de la FCFA et de la majeure partie des intervenants devant le comité, jusqu’ici.

« Dans un contexte où plusieurs institutions fédérales ont vu une perte de ressources et où 31 % des emplois au Bureau de la traduction ont disparu, on ne saurait se surprendre qu’on coupe souvent les coins ronds dans l’appareil fédéral en ce qui a trait aux communications dans les deux langues officielles, » a dit Mme Lanthier.

« Si mon collègue de langue anglaise m’envoie un courriel, a-t-elle poursuivi, et que la traduction est bancale au point où j’ai du mal à comprendre ce qu’il cherche à me dire, je vais peut-être lui répondre en anglais pour m’assurer d’être bien comprise. »

Elle a précisé que « (puisque) la grande majorité des traductions se font de l’anglais vers le français, ce seront les francophones – citoyens ou fonctionnaires – qui en souffriront ».

Mme Lanthier a insisté sur l’érosion des ressources au sein du fédéral, causée par trois principaux facteurs : les compressions budgétaires, un manque de compréhension et l’absence d’une coordination centrale.

Comme d’autres intervenants, elle a pointé du doigt le fait que les agences et ministère fédéraux peuvent avoir recours soit au secteur privé, soit au Bureau de traduction, pour combler leurs besoins, une situation qui selon elle, doit être révisée.

Ainsi, elle a insisté pour que le gouvernement « désigne au sein de l’appareil fédéral une autorité chargée de veiller à la bonne compréhension de ces obligations et à l’application cohérente de la Loi sur les langues officielles. »

Elle a aussi recommandé de commencer par mieux identifier le problème à régler et les besoins à combler, de réviser complètement les outils et les pratiques en matière de traduction et de mieux former les fonctionnaires de tout le pays sur « (leurs) obligations linguistiques et sur les outils appropriés pour (y) répondre ».