Skip Navigation
150 ans
La fin d'Erin O'Toole à la tête du Parti conservateur
Inès Lombardo (Francopresse)
/ Catégories: Politique

La fin d'Erin O'Toole à la tête du Parti conservateur

FRANCOPRESSE – Depuis novembre, le Parti conservateur était en proie à des scissions internes. Erin O’Toole n’est plus chef à la suite d’un vote de confiance des députés de son parti le 2 février en avant-midi. Le passage du projet de loi sur l’interdiction des thérapies de conversion en décembre dernier, suivi du rapport postélectoral effectué lors du dernier caucus, ont fini par déstabiliser un chef qui tentait de rassembler un parti après une défaite électorale. La députée manitobaine de Portage – Lisgar Candice Bergen a été élue cheffe par intérim le soir même.

Un vote sur l’examen de la direction, tenu plus tôt aujourd’hui conformément à l’article 49.5 de la Loi sur le Parlement du Canada, a donné les résultats suivants : sur 118 votes exprimés au sein du caucus du Parti conservateur, 45 étaient en faveur de soutenir le leadeurship d’Erin O’Toole et 73 étaient en faveur de le remplacer.

Alors qu’il ne devait pas y avoir de vote pour élire un autre chef avant le congrès national du Parti conservateur prévu en 2023, 35 députés ont décidé de déclencher un vote de confiance envers M. O’Toole. C’est Candice Bergen qui assurera l’intérim : la députée manitobaine a été élue par les membres de la députation conservatrice le soir même du vote. 

Huit autres candidats étaient en lice : John Barlow, John Brassard, Kerry-Lynne Findlay, Marilyn Gladu, Tom Kmiec, Ben Lobb, Rob Moore et John Williamson.

Un peu plus tôt cette semaine, Erin O’Toole avait accepté de se soumettre à ce vote de confiance, mais avait déclaré : «I’m not going anywhere» [«Je n’irai nulle part»].

Acceptant le résultat de ce 2 février, il a indiqué qu’il restera député de la circonscription de Durham et qu’il restera «fidèle» au prochain chef choisi quelques heures plus tard, Candice Bergen.

«Je vais humblement quitter mon poste de chef de l’opposition officielle du Canada et chef du parti conservateur du Canada. C’était une fierté pour moi […]. C’est notre parti qui a fondé le pays et je crois vraiment qu’on doit gouverner le Canada pour réunir notre pays, dans ce moment difficile»a assuré l’ex-chef du parti, sur sa page Facebook, quelques heures après s’être fait monter la porte et avant le vote qui a porté Mme Bergen à la tête du parti par intérim.

«Le message à mon parti est le même que celui que j’envoie au premier ministre et aux députés de tous les bords au Parlement : «Audi alteram partem». Écoutez l’autre côté, toutes les voies, pas simplement les échos de votre propre bord. Réalisez que notre pays est divisé et que les gens sont inquiets. Travaillez ensemble, parce que la façon dont nous agissons maintenant définira la génération future», a-t-il conclu.

Visiblement ému, l’ancien chef conservateur a remercié sa famille et la population de sa circonscription, Durham.

Interdire les thérapies de conversion, une première tension

Des sources proches du Parti conservateur ont confirmé à Francopresse que l’adoption du projet de loi interdisant les thérapies de conversion avec le feu vert de tous les partis — fait rare au Parlement — aurait mis le feu aux poudres, dans un contexte de défaite postélectorale déjà morose.

Un projet de loi similaire, lors de la dernière législature, avait été approuvé en juin. À l’époque, 63 députés, dont 62 conservateurs, avaient voté contre le projet de loi, ce qui représente plus de 50 % de la députation conservatrice. Le projet de loi est finalement mort au feuilleton lors du déclenchement des élections deux mois plus tard.

«Le Parti conservateur est très difficile à diriger, car c’est une coalition de différents intérêts. D’un côté, on a les conservateurs sociaux ; au niveau économique, ils peuvent être plus au centre, mais ils sont très conservateurs avec tout ce qui a trait à la religion. Il y a ensuite les “red tories”, qu’on retrouve plutôt dans les Maritimes et en Ontario, qui se rapprochent du centre. Puis il y a les nationalistes québécois ; les libertariens et les anciens réformistes de l’Ouest, du type du Parti républicain qu’on retrouve aux États-Unis. Eux, ils sont plus populistes», énumère Emmanuelle Richez.

Est-ce que c’est en la personne du chef que se trouve la solution à la crise du parti? La professeure assure que non : «Le chef aura toujours ce défi de garder cette coalition d’intérêts ensemble. Stephen Harper l’a fait de façon habile, mais Mulroney, au début des années 90, n’a pas réussi à garder le parti ensemble. C’est un scénario qui se répète [avec Erin O’Toole].»

La question se pose d’autant plus que Maxime Bernier, ancien député du Parti conservateur, a ouvert la porte du Parti populaire du Canada, qu’il a fondé en 2018, aux députés conservateurs Pierre Poilievre et Candice Bergen, la semaine dernière. Il a justifié cette invitation par ce qu’il qualifie du «courage» des deux députés d’appuyer le convoi de camionneurs. Un pied de nez au désormais ex-chef conservateur qui s’était interdit, en début de semaine dernière, d’appuyer le convoi, avant de se raviser et d’aller rencontrer les manifestants dès le vendredi de leur arrivée.

Cette confusion dans les actions d’Erin O’Toole a aussi contribué à précipiter le vote de confiance, selon la professeure Richez.

À lire aussi : Un «convoi pour la liberté» prêt à rester

Pour Emmanuelle Richez, ce n’est pas à l’avantage des conservateurs de se diviser et de former un autre parti comme a pu le faire Maxime Bernier : «Si les conservateurs ne restent pas ensemble, ils ne pourront jamais obtenir le pouvoir, ils le savent très bien. En Alberta, il y avait eu le même phénomène avec le Wildrose Party, qui a fini par fusionner avec le Parti conservateur pour reprendre le pouvoir.»

Rapport postélectoral : «Tout cela est ma responsabilité», assure O’Toole

L’autre cause de la division interne, selon des proches du parti, serait le rapport postélectoral du Parti conservateur qui porte notamment sur la performance d’Erin O’Toole.

Ce dernier aurait refusé de dévoiler l’intégralité de ce rapport conduit par les anciens députés James Cumming et Christian Paradis.

En conférence de presse le 27 janvier dernier, au sortir de deux jours du caucus de son parti, Erin O’Toole assurait pourtant : «Tous nos députés vont voir le rapport. Dans les prochaines deux ou trois semaines, on va commencer d’avoir un plan pour améliorer nos processus, ma performance et nos politiques».

Pour lui, «l’intention [du rapport] est d’effectuer ces changements. Moi-même comme leadeur, je suis responsable de la défaite [électorale]. Je ferai des changements à mon endroit, dans notre équipe, notre stratégie, et au sein de notre parti. Nos députés et toute la structure de notre parti seront visés par ces changements».

À la question de savoir ce qu’il avait appris de lui-même dans ce rapport, Erin O’Toole avait expliqué : «Je dois apprendre beaucoup. C’est la première fois que le parti a été aussi franc. Le studio [où O’Toole enregistrait ses interventions pendant la pandémie] m’a empêché de rencontrer des Canadiens.»

Il avait par ailleurs précisé : «Il nous a été dit que nous aurions dû faire plus d’évènements, de tournées. J’ai eu des commentaires comme quoi dans la dernière semaine de la campagne, je manquais de naturel. Nous n’avons pas abordé certaines questions sur lesquelles les Canadiens voulaient que nous ayons des politiques, notamment dans l’Ouest. Tout cela, c’est ma responsabilité, mais je vais m’assurer de faire mieux et reconnecter avec les Canadiens. Je veux retourner sur le terrain [pour] les rencontrer.»

Selon la professeure Richez, il y a de bonnes chances pour que le successeur d’Erin O’Toole à la chefferie conservatrice lors du congrès national en 2023 soit Pierre Poilievre, député de Carleton en Ontario et ministre des Finances au cabinet fantôme. Un sondage du Globe and Mail effectué fin janvier affirmait la même chose.

«[Pierre Poilievre] a beaucoup de flair politique, précise Emmanuelle Richez. Il détient des appuis notables dans la députation. Il est de l’Ontario, donc il peut se positionner comme moins extrémiste, même s’il est plus à droite qu’O’Toole. C’est certain que le prochain chef le sera, pour satisfaire les députés du caucus qui trouvent qu’O’Toole est allé trop vers le centre. L’autre avantage de Pierre Poilievre est qu’il parle très bien français, donc il pourrait aussi séduire les conservateurs du Québec», conclut la chercheuse. 

Mais pour l’heure, le Parti conservateur doit nommer un chef intérimaire. Le résultat sera connu dès ce soir.

Cet article sera mis à jour dès le résultat effectif du vote du chef ou de la cheffe intérimaire.

Imprimer
4058

Inès Lombardo (Francopresse)Francopresse

Autres messages par Inès Lombardo (Francopresse)
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
Gala Méritas : la Cité francophone fête ses étudiants

Gala Méritas : la Cité francophone fête ses étudiants

Le 8 avril, la Cité universitaire francophone a célébré la quatrième édition du Gala annuel Méritas.

19 avril 2024/Auteur: Ghita Hanane/Nombre de vues (54)/Commentaires (0)/
Le budget provincial 2024-2025 déçoit les Fransaskois

Le budget provincial 2024-2025 déçoit les Fransaskois

L’annonce du budget provincial 2024-2025 en Saskatchewan déplaît à plus d’un Fransaskois

12 avril 2024/Auteur: Ghita Hanane – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (472)/Commentaires (0)/
Les élèves fransaskois excellent malgré les défis d’infrastructures

Les élèves fransaskois excellent malgré les défis d’infrastructures

Le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) a publié son rapport annuel 2022-2023. L’occasion pour L’Eau vive de revenir sur les points saillants de cette période.

5 mars 2024/Auteur: Mehdi Jaouhari/Nombre de vues (1469)/Commentaires (0)/
Projet de loi C-35 : une demi-victoire pour les garderies francophones

Projet de loi C-35 : une demi-victoire pour les garderies francophones

Organismes et citoyens francophones se sont mobilisés pour appuyer un amendement important du Sénat au projet de loi C-35 sur les services de garde.

25 février 2024/Auteur: Mehdi Jaouhari/Nombre de vues (1250)/Commentaires (0)/
L’heure des contes désormais multilingue à la bibliothèque publique de Saskatoon

L’heure des contes désormais multilingue à la bibliothèque publique de Saskatoon

Une nouveauté débarque à la Bibliothèque publique de Saskatoon cette année : l’heure des contes est désormais bilingue.

4 février 2024/Auteur: Leanne Tremblay/Nombre de vues (2263)/Commentaires (0)/
De nouvelles places de garderie à Moose Jaw

De nouvelles places de garderie à Moose Jaw

Le Centre éducatif Pomme d’Api à Moose Jaw vient de recevoir du financement gouvernemental afin d’ouvrir de nouvelles places en français. Une bonne nouvelle pour les parents, mais qui est loin de répondre à la demande. Car sur les 2 349 places en cours de création dans la province, 28 seulement sont dédiées aux Fransaskois.

12 janvier 2024/Auteur: Mehdi Jaouhari/Nombre de vues (1923)/Commentaires (0)/
Vente de l’école du Parc à Regina : un manque à gagner pour les Fransaskois

Vente de l’école du Parc à Regina : un manque à gagner pour les Fransaskois

Fin septembre, les parents fransaskois ont eu la mauvaise surprise d’apprendre que l’école du Parc, solution temporaire en attendant l’ouverture d’un nouvel établissement pour leurs enfants, sera finalement vendue plutôt que conservée. Une déception pour nombre d’entre eux.

31 octobre 2023/Auteur: Ghita Hanane – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (2307)/Commentaires (0)/
Message du directeur général du CÉF

Message du directeur général du CÉF

Message du directeur général du CÉF .

11 septembre 2023/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (3327)/Commentaires (0)/
ALLOFrench : la gratuité au service des Canadiens de l'Ouest

ALLOFrench : la gratuité au service des Canadiens de l'Ouest

Projet pilote d'un an, ALLOFrench offre des cours gratuits de français en Saskatchewan et en Alberta du 1er avril 2023 au 31 mars 2024. Réservé aux citoyens canadiens, le programme vise à étendre l'influence du français dans les Prairies.

1 septembre 2023/Auteur: Hélène Lequitte – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (2856)/Commentaires (0)/
Une première pierre pour la nouvelle école francophone de Regina

Une première pierre pour la nouvelle école francophone de Regina

Une cérémonie haute en émotion a eu lieu au 5382, 2e Avenue Nord à Regina, le lieu retenu pour la nouvelle école francophone où les travaux ont officiellement débuté le 29 juin. Une centaine de personnes se sont réunies pour assister à la pose symbolique de la première pierre.

18 juillet 2023/Auteur: Marie-Lou Bernatchez – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (3096)/Commentaires (0)/
Mot du directeur général du CEF

Mot du directeur général du CEF

Mot du directeur général du CEF.

5 juillet 2023/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (3083)/Commentaires (0)/
École St-Isidore

École St-Isidore

École St-Isidore

3 juillet 2023/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (3008)/Commentaires (0)/
École Notre-Dame-des-Vertus

École Notre-Dame-des-Vertus

Bravo aux élèves de NDV pour les belles chansons à la fête de la Saint-Jean-Baptiste à Zénon Park. 

3 juillet 2023/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (2965)/Commentaires (0)/
École Père-Mercure

École Père-Mercure

Nos élèves et la communauté se sont rassemblés pour souligner la fin de l'année avec un dîner BBQ et une après-midi de jeux. Merci à tous les parents et membres du personnel qui ont aidé à l'organisation !

3 juillet 2023/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (2864)/Commentaires (0)/
École de Bellegarde

École de Bellegarde

Le mois de juin a été rempli d’activités !

3 juillet 2023/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (2282)/Commentaires (0)/
RSS
1345678910Dernière

 - vendredi 19 avril 2024