Skip Navigation
AGA 2024 de la CPF
Anonym
/ Catégories: Archives, 2015, Économie

L’après-pétrole dans l'Ouest canadien: entre déni et peur de l’inconnu

Impact sur les francophones

Dominique Perron

Dominique Perron

L’analyste du discours de l’énergie, Dominique Perron, cite le philosophe Jean-Pierre Dupuy : « Nous ne croyons pas ce que nous savons. » Elle ajoute : « On sait qu’il faut arrêter, mais on ne le fait pas. »
Photo : Fédération des sciences humaines
Le baril stagne à 60 $, les sables bitumineux risquent le rejet, des milliers de postes sont coupés et des milliards d’investissements en suspens. Le changement climatique s’impose comme priorité mondiale. Et maintenant ?

« Le pétrole nous a donné une période de croissance économique mais il n’en reste rien, soutient la professeure retraitée de l’Université de Calgary, Dominique Perron. Les perceptions traditionnelles de l’économie ont à peu près trahi les Canadiens. Le discours marginal sur le climat était ridiculisé et contesté mais il est maintenant devenu central. 

« L’Alberta n’est pas en très bonne position, note la chercheure indépendante. Avant, elle ne tenait même pas compte du climat et maintenant elle est obligée de se défendre. Piégée par la faiblesse de son économie, elle n’a rien sur lequel établir de prévisions. Les directions à prendre sont inconnaissables et invérifiables. Ce qui est assez effrayant. »

L’auteure de L’Alberta autophage : identités, mythes et discours du pétrole dans l’Ouest canadien (1) a remporté en mai le prestigieux Prix du Canada 2015 en sciences sociales. Dominique Perron a dressé dans cette œuvre le portrait d’une société qui se mange elle-même, exploitant ses ressources naturelles et humaines jusqu’à la destruction.

« J’ai un doctorat en littérature, sourit-elle, et je lis les portefeuilles en investissement. » Elle veut savoir comment se portent les pétrolières et quels sont leurs appuis gouvernementaux. Elle trouve le discours politique plutôt schizophrénique.

« On ne peut pas d’une main vendre du pétrole et de l’autre réduire les émissions de carbone, propose la chercheure. On est peut-être en train de parier sur un cheval déjà mort. » Elle donne l’exemple du Québec, qui « a investi plus que toutes les autres provinces réunies dans le pétrole albertain avec la Caisse de dépôt et de placement. »

En effet, la Caisse affiche sur l’indice Nasdaq des investissements de 1,49 milliard dans la société Enbridge, 522 millions auprès de Exxon Mobil (2) et 514 millions chez Suncor, entre autres (3). Il y a déjà des pertes, selon Dominique Perron, et la société gestionnaire de 32 régimes de retraite et d’assurance au Québec va reculer doucement. 

Le premier ministre Philippe Couillard « jure par ses grands dieux qu’on va réduire le carbone. Mais le gouvernement a mis tellement d’argent dans les pipelines qu’il ne dit pas tout aux Québécois. Le discours public est extrêmement ambigu.

« Le Canada, l’Alberta, le Québec, on est à un carrefour, explique-t-elle. Malgré les grandes promesses, la situation ne s’améliore pas. On est en train de gérer des incertitudes – c’est une situation mondiale. Une décroissance est très possible et on sera obligé d’être très innovateurs. Mais nos gouvernements sont-ils capables d’innover ? » 

Écoles francophones en croissance

À Edmonton, Henri Lemire a l’impression que la vie continue. Le directeur général du Conseil scolaire Centre-Nord, qui compte une école française à Fort McMurray, prévoit une hausse de 300 inscriptions pour septembre prochain. À l’échelle provinciale, une hausse de 12 000 élèves est attendue. « Si beaucoup de monde partait, le ministère le saurait. »

Même son de cloche en Saskatchewan, où le Conseil des écoles fransaskoises prévoit une légère hausse des inscriptions. Le relationniste Claude-Jean Harel ne croit pas « que la chute du pétrole affecte dans l’ensemble les inscriptions. » 

Selon les estimations de Statistique Canada au 31 mars, l'Alberta demeure la province avec la croissance de population la plus élevée, malgré les déboires du pétrole.

Le développement ne ralentit pas encore, selon Henri Lemire. « Cet été en Alberta, il y a énormément de construction à cause de fonds engagés depuis deux ou trois ans. À Edmonton, ce sera l’été le plus occupé dans l’histoire de la ville. Mais il y a une grande inquiétude pour l’an prochain. » Il reconnaît que la crise du pétrole s’amplifie. 

Dominique Perron est prête à tout. « Si on m’avait prédit que le NPD allait emporter les élections en Alberta, je serais tombée sur le dos. Je pense que les Canadiens sont prêts à entendre d’autres discours et à concevoir un autre type de gouvernement. Les sondages montrent que les gens veulent essayer autre chose. »

La résidente de Nelson (CB) est encouragée par la récente encyclique Loué sois-tu du pape François. « Le chef religieux le plus puissant du moment a reconnu qu’il y a de graves injustices environnementales sur la planète. Il consacre la place centrale et difficilement discutable de la problématique du changement climatique. On ne peut plus écarter ce discours du revers de la main. »

Elle s’attend à des élections fédérales captivantes en octobre. « Comme tous les vieux gouvernements, les conservateurs cherchent à s’accrocher. Ils sont prêts à dire n’importe quoi. J’ai l’impression que leur discours ne trouve plus d’écho dans la population. » 

Mais la chercheure demeure pessimiste. « J’ai étudié attentivement depuis des années les lobbys du pétrole et ils sont encore très puissants. » En effet, à l’échelle globale, les investissements gouvernementaux dans l’industrie en 2015 totalisent 5,300 milliards US, selon le Fonds monétaire international.

« Ça montre à quel point on est incapable de penser clairement à ce qui nous arrive. »

Notes

(1)    University of Calgary Press, 2013.

(2)    Le plus important des 2 135 investisseurs chez Exxon Mobil est le Vanguard Group, avec 21,3 milliards.

(3)    Données du 26 juin 2015

Imprimer
24217

Contacter l'auteur

x
Non à l’intimidation

Non à l’intimidation

Journée du Chandail rose à Gravebourg

Le 25 février, les élèves de l’École Beau Soleil et École secondaire Collège Mathieu, à Gravelbourg ont souligné la journée du Chandail rose, visant à lancer un message contre l’intimidation

5 mars 2015/Auteur: L'Eau vive/Nombre de vues (32311)/Commentaires (0)/

Le Conseil des écoles fransaskoises pleure le décès soudain d’un de ses élèves

St-Isidore-de-Bellevue, le 4 mars 2015 - Le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) - en particulier la communauté scolaire de l'École St-Isidore à Bellevue - est en deuil suite au décès de l'un de ses étudiants plus tôt aujourd'hui, comme il a été rapporté dans les médias. 

4 mars 2015/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (27003)/Commentaires (0)/
L’Institut français devient le premier centre officiel de passation des TEF en Saskatchewan

L’Institut français devient le premier centre officiel de passation des TEF en Saskatchewan

L’institut français est devenu le premier établissement en Saskatchewan reconnu par le Centre de langue française de la CCI Paris Ile-de-France, pour administrer le Test d’évaluation de français (TEF). 

4 mars 2015/Auteur: La Cité universitaire francophone/Nombre de vues (29623)/Commentaires (0)/
L’école française au Nunavut : des parents exigent le départ des commissaires et de la direction générale

L’école française au Nunavut : des parents exigent le départ des commissaires et de la direction générale

IQALUIT - On entend rarement parler de l’École des Trois-soleils, à Iqaluit, la plus nordique des écoles françaises de la planète. Même quand ça va mal.

20 février 2015/Auteur: Anonym/Nombre de vues (23719)/Commentaires (0)/
Un carnaval métis et canadien-français à l'école George Lee School

Un carnaval métis et canadien-français à l'école George Lee School

REGINA - Pour la 3e année consécutive, le carnaval célébrant les cultures métis et canadienne-française a battu son plein à l’école George Lee de Regina le 12 février dernier. Pour l’organisatrice de l’événement, Jessica Irvine, enseignante de français de base à cette école, tous attendaient la journée du carnaval avec impatience et l'événement a été un franc succès. 

20 février 2015/Auteur: Émilie Dessureault-Paquette /Nombre de vues (28348)/Commentaires (0)/
L’école de Debden célèbre la semaine du français langue seconde

L’école de Debden célèbre la semaine du français langue seconde

L’école de Debden a célébré la semaine de français/deuxième langue du 2 au 6 février. Le thème cette année était Comment fais-tu vivre le français dans ton école? 

20 février 2015/Auteur: Anne Blais (EV)/Nombre de vues (33139)/Commentaires (0)/
Journée de l’alphabétisation familiale 2015

Journée de l’alphabétisation familiale 2015

Le Collège Mathieu désire remercier toutes les personnes qui ont consacré du temps aux activités d’apprentissage avec les enfants du 27 janvier au 1er février dernier, dans le cadre de notre programme de littératie familiale. Les activités réalisées, très diversifiées et enrichissantes, visaient à susciter le goût de la lecture pour le développement intellectuel et le bien-être des enfants.

12 février 2015/Auteur: Collège Mathieu/Nombre de vues (23677)/Commentaires (0)/

À l’heure de la littératie à Prince Albert

À l'initiative de sa directrice, Sandra Hassan Farah, le Centre éducatif Trésors du Monde de Prince Albert a participé à l'événement 15 minutes de littératie familiale organisé par le Collège Mathieu.

12 février 2015/Auteur: Ahmed Hassan (EV)/Nombre de vues (29641)/Commentaires (0)/
La place de l’anglais dans les écoles fransaskoises

La place de l’anglais dans les écoles fransaskoises

« Une discussion qui doit avoir lieu » – Donald Michaud

SASKATOON - Pour Donald Michaud, le directeur de l’éducation par intérim au Conseil des écoles fransaskoises (CÉF), la place de l’anglais dans les écoles fransaskoises « est une discussion qui doit avoir lieu ». La diversité des niveaux de français représente tout un défi pour le personnel enseignant, certes, mais surtout pour la création d’un environnement social francophone dans l’école.

5 février 2015/Auteur: Jean-Pierre Picard (EV)/Nombre de vues (36178)/Commentaires (0)/

Éducation fransaskoise : le navire ne prend plus l’eau, mais sait-on où il va?

L’Assemblée annuelle des électeurs du Conseil scolaire fransaskois était plutôt calme cette année. Je me suis surpris à m’ennuyer des joutes verbales de l’année dernière. Lors de l’AGA de 2014, le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) était en pleine tempête financière, des coupes sévères venaient d’être faites, et tout laissait croire que ce n’était pas fini. Les colonnes de chiffres inquiétaient les parents et ceux-ci l’avaient fait savoir.
4 février 2015/Auteur: Jean-Pierre Picard/Nombre de vues (31528)/Commentaires (0)/
L’importance de la lecture avec les enfants

L’importance de la lecture avec les enfants

Selon les résultats des recherches de C.A. Nelson, du Centre du développement de l’enfant de l’Université Harvard, le développement langagier d’un enfant se manifeste longtemps avant le premier balbutiement des mots « mmman » ou « pa, pa, papa ». Les études du développement cérébral révèlent que les neurones et les synapses pour le langage apparaissent trois mois avant la naissance. La croissance de cette zone du cerveau atteint son sommet vers l’âge de 4 ans.

4 février 2015/Auteur: Rita Denius (CM)/Nombre de vues (28949)/Commentaires (0)/
Des élèves voudraient une heure de... 60 minutes

Des élèves voudraient une heure de... 60 minutes

SASKATOON - C’est une délégation de jeunes élèves de l’École canadienne-française de Saskatoon, qui a donné le coup d’envoi de l’Assemblée annuelle des électeurs du Conseil scolaire fransaskois.
4 février 2015/Auteur: Michèle Fortin (EV)/Nombre de vues (28887)/Commentaires (0)/
Assemblée annuelle du Conseil scolaire fransaskois : Une soirée bien tranquille

Assemblée annuelle du Conseil scolaire fransaskois : Une soirée bien tranquille

SASKATOON - Le vendredi 30 janvier, le Conseil scolaire fransaksois (CSF) a rencontré ses électeurs pour la première fois depuis le dépôt d’un rapport sévère de la vérificatrice provinciale et la fermeture annoncée de l’école Sans-frontières de Lloydminster.

4 février 2015/Auteur: Mychèle Fortin (EV)/Nombre de vues (34251)/Commentaires (0)/
La cause de la Commission scolaire francophone du Yukon entendue à la Cour suprême du Canada

La cause de la Commission scolaire francophone du Yukon entendue à la Cour suprême du Canada

La Cour suprême du Canada a pris en délibéré, le 21 janvier 2015, la cause qui oppose depuis plusieurs années la Commission scolaire francophone du Yukon (CSFY) au gouvernement du Yukon. Le litige repose sur les droits de gestion scolaire en contexte minoritaire.

29 janvier 2015/Auteur: Anonym/Nombre de vues (32246)/Commentaires (0)/
Après 20 ans de gestion scolaire fransaskoise:  Comment se porte le français dans nos écoles?

Après 20 ans de gestion scolaire fransaskoise: Comment se porte le français dans nos écoles?

Rencontre avec un parent inquiet, mais optimiste

La Saskatchewan a bien changé depuis l’obtention de la gestion scolaire il y a 20 ans. Depuis deux décennies, l’épanouissement du Conseil des écoles fransakoises (CÉF) est évident. La gestion scolaire est-elle garante de la qualité de l'éducation française? Nous en avons discuté avec un parent de Regina qui a accepté de répondre à nos questions mais qui a préféré garder l'anonymat.

29 janvier 2015/Auteur: Mychèle Fortin (EV)/Nombre de vues (160105)/Commentaires (0)/
RSS
Première2021222325272829Dernière

 - vendredi 27 septembre 2024