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150 ans

Reportages extrêmes

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Fusillade à Ottawa

Fusillade à Ottawa

Le calme est revenu sur la Colline parlementaire après la fusillade de mercredi alors que le caporal Nathan Cirillo qui montait la garde devant le Monument commémoratif de guerre, tombait sous les balles de Michael Zehaf-Bibeau. La Cité parlementaire a été rouverte au public lundi matin. Entretemps, des centaines de personnes ont continué de défiler devant le Monument pour rendre hommage au soldat Cirillo, sous les drapeaux en berne.
PHOTO: Amina Hufane – Francopresse (2014)
La fusillade dans les couloirs du parlement canadien et le meurtre du caporal Nathan Cirillo devant le cénotaphe à Ottawa ont profondément secoué le pays. Quelques jours plus tôt, un autre militaire était délibérément tué par un chauffard. On a mis les drapeaux en berne et multiplié les appels au calme. Moi, plus on me dit de me calmer, plus je m’inquiète.

L’interminable émission spéciale sur la Première chaîne de Radio-Canada avait des airs d’apocalypse. On aurait dit qu’Ottawa était en état de siège et qu’une menace pesait sur tout le pays. Rendu à l’heure où tout le monde à Ottawa était en train de faire tranquillement la vaisselle du souper, j’ai changé de station. Heureusement la CBC s’était calmée depuis un bout déjà et sa programmation régulière m’a accompagné sur la route.

Est-ce que les équipes d’affaires publiques de la SRC Montréal sont si en manque de sensations que ça? Ou bien était-ce simplement une astuce pour empiler des heures supplémentaires en attendant l’inévitable lettre de mise à pied? Car on n’a pas fini de couper à la SRC/CBC. Oh que non! Quatre cent autres coupures de postes cette semaine.

Même si la couverture de la SRC était extrême, tous les médias ont joué le jeu de la peur. Et puis on s’est retrouvés à se protéger comme si la guerre civile nous guettait. La semaine dernière les élèves de la 7e année de Mgr de Laval ont chanté au parlement pour l’ouverture de la session législative. Mais c’était interdit au public parce qu’on était sur un pied d’alerte, guettant des possibles complices à 2 500 kilomètres d’Ottawa.

Pourquoi tout ce bruit? C’est parce que ça s’est passé au parlement? C’est parce que les victimes sont des militaires? Ou bien est-ce l’angle idéologique? On a classé l’évènement comme un acte terroriste parce que deux fêlés se sont convertis à une croyance qu’ils ont évoquée pour justifier l’éclatement de leur haine.

Évoquer le spectre du terrorisme, ça fait plus sensation et ça permet à nos dirigeants de récupérer l’actualité pour justifier l’envoi d’avions de guerre et l’adoption d’une loi donnant des pouvoirs accrus à la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et au Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS).

La violence engendrée par la misère et la peur est une Hydre de Lerne. On lui coupe une tête, il en repousse deux. Alors permettez-moi de douter de l’effet à long terme de nos bombes. On a jeté le mur de Berlin par terre, il en a repoussé des centaines partout dans le monde, dont le plus célèbre est en Palestine.

En passant, à travers tout ce bazar médiatique, il y a un petit entrefilet discret qui vous a surement échappé. Une jeune femme de 23 ans a été battue à mort sur une piste cyclable à Longueil. On n’aurait jamais mis les drapeaux en berne pour elle. Ni pour toutes ces femmes autochtones disparues ou assassinées.