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150 ans

Tribune libre

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Quel avenir?

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Depuis quelques semaines, j’ai lu dans divers médias un point de vue fort intéressant exprimé publiquement par une série d’associations autochtones à travers le pays. Je me suis demandé pourquoi la Francophonie canadienne, et en particulier la Fransaskoisie, n’avait pas considéré une position politique publique similaire.

Pour résumer le point de vue de ces leaders des Premières nations, on pourrait se référer aux entrevues avec les Chefs Wayne Semaganis et Wallace Fox de la Saskatchewan qui déploraient non seulement des coupures et des réalignements unilatéraux (imposés de l’extérieur) dans le financement gouvernemental à leurs organismes respectifs, mais aussi un statu quo généralisé, ce qui veut dire – à leurs avis – une réelle réduction dans leur pouvoir d’achat. De plus, note Wallace, les gouvernements leur attribuent et exigent plus de responsabilités des regroupements bénéficiaires pour les mêmes niveaux de financement. « We're sick and tired of administering poverty, » lance le Chef Wallace.

En matière d’appui financier et politique, il est facile de voir des parallèles dans la communauté fransaskoise, sauf si nous sommes convaincus que nous sommes nés pour ce petit pain que les gouvernements et les institutions se contentent de nous servir. Par contre, il est difficile de comprendre pourquoi nos élus politiques sont si complices, pourquoi ils ne disent rien, pourquoi ils ne démontrent que ce mutisme inquiétant devant cet unilatéralisme assimilateur gouvernemental et institutionnel. Seul le CÉF semble mieux comprendre que parfois il faut utiliser ses coudes dans les coins. 

Vous êtes sceptiques? Laissez-moi vous éclairer un peu. Il y a quelques années, zéro dollar pour la communauté de Willow Bunch. Elle ne reçoit toujours rien. Mentionnons Gravelbourg – quelques dollars in extremis pour un festival cette année, d’accord, mais son avenir? Le réseau fransaskois, qui représente toutes nos communautés traditionnelles – pour ne pas inclure les communautés émergentes telles que Estevan-Weyburn, Lloydminster et tout ce secteur au nord-ouest des Battlefords – n’a vu aucune augmentation réelle de son financement depuis plus d’une décennie, ce qui veut dire que le réseau opère avec les dépenses de 2014 mais des revenus de 2000. Donc, si l’on tient compte seulement de l’inflation, chaque dollar dépensé peut compter sur moins de 0,83 $ en argent réel dans le budget. S’ajoute à cela la hausse des prix et la réduction du pouvoir d’achat, nos infrastructures physiques vieillissantes, le désir associatif fransaskois d’offrir des salaires plus équitables et des bénéfices sociaux, l’arrivée à table du partage de nouveaux groupes qui ont le droit à leur part et l’augmentation importante de nouvelles responsabilités communautaires, tout cela nous promet quel avenir, au juste?

Et nos institutions publiques? Deux décennies de négociations, pourparlers, commissions et études avec l’Université de Regina nous a donné quoi au juste? Un Bac en nursing pour faire compétition avec ses homologues français en situation minoritaire?  Et de multiples rencontres avec le Saskatoon Airport Authority? Plus de services ou d’affichage? Non! Et autres que quelques brochures et formations, nos pourparlers avec la Santé nous ont donné quoi de concret? Des politiques de services en français du gouvernement provincial et avec l’Église catholique de la province ont-elles multiplié les vrais services dans notre langue? J’en vois très peu. On est content de constater le « maintien du cap » dans le Fonds pour les infrastructures communautaires francophones quand les besoins urgents sont 4 à 5 fois plus importants. Et ça, c’est le portrait à grands traits, le portrait robert d’aujourd’hui. À long terme, les détails sont matière à cauchemar.

Et quelle est la réaction officielle du leadership fransaskois devant cette assimilation voulue, devant cette approche « à prendre ou à laisser », devant cette offre « de petit pain »? On accepte gentiment, on se plie en reconnaissance, on se positionne comme administrateurs et garants d’injustice, d’inégalité, de pauvreté. Mais si nous ne réussissons pas notre plan de société, qui sera appelé à accepter la responsabilité? Pas le fédéral, ni la province! Certainement pas les universités ou l’Église! Les régionales de santé ou les autorités aéroportuaires? Sans doute que non!

Alors, un sincère bravo pour ce geste courageux de quelques chefs autochtones! Dommage que l’ACF et le réseau fransaskois manquent d’autant de courage.