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S'exprimer autrement
Cette chronique, en collaboration avec La Cité universitaire francophone,  offre des textes dont les auteurs ont en commun d’avoir choisi le français comme langue seconde.

Tabou, No More: parler ouvertement de la santé mentale

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Un éléphant dans le salon

« Tabou » :  Ce sur quoi on fait silence, par crainte, pudeur.  (Le Robert)

« No more ! », se traduit par « Plus maintenant! » Je me répète : Tabou, no more

Cette semaine, j’ai donné une courte présentation sur la santé mentale à des futurs enseignant(e)s. J’ai fait un rapide survol des 5 gestes de base des premiers soins en santé mentale « AÉRIE ». Nous étions tous d’accord qu’un des gestes d’AÉRIE, « Écouter sans porter jugement », devait être continuellement cultivé dans tous les aspects de notre quotidien.

Nous avons aussi eu un échange riche qui soulignait l’importance d'être le mieux outillé possible dans la salle de classe. La volonté et la compassion de ces futurs enseignants m’ont fait chaud au cœur!

Vous pouvez me demander : pourquoi vouloir à tout prix démanteler ce tabou, faire face à cet éléphant qui est dans le salon pour tant d’individus ?

Bien sûr, j’ai un intérêt personnel. Un trouble de l’adaptation s’est infiltré chez mon fils Jérémy, suite au suicide de son partenaire Dave. Ce dernier vivait une dépression clinique et malheureusement, il ne voulait pas se chercher de l’aide professionnelle. Mon fils s’est perdu dans la tourmente du deuil et un mois plus tard, il s'est suicidé à son tour.

Je tiens aussi à soutenir ma sœur qui vit avec des troubles de santé mentale depuis plusieurs années. Pour elle, c’est la dépression clinique et les crises d’angoisse. Et elle déplore le fait que plusieurs personnes n’osent pas parler de troubles de santé mentale, de peur de se faire juger.  Dans ses mots, « …facile de sympathiser avec quelqu’un qui s’est cassé une jambe, moins évident de sympathiser avec quelqu’un qui est victime d’une crise d’angoisse… ».

En vivant une expérience d’impuissance dans le cas de mon fils, et en accompagnant ma sœur à titre d’aidante, mes yeux se sont ouverts à la stigmatisation qui existe encore aujourd’hui autour de la santé mentale. 

Oui, le temps a beaucoup amélioré les choses.  Si ma sœur était née en 1922 au lieu de 1972, elle aurait sûrement été exilée à l’hôpital/l’asile de North Battleford (car nous avons grandi dans la région de Prince Albert).  Au moins, aujourd’hui, les personnes peuvent avoir de l’aide professionnelle dans leur propre milieu.

Cependant, malgré toutes les améliorations du système de santé en Saskatchewan, la navigation dans le système de soins pour ceux et celles qui souffrent de troubles de santé mentale n’est pas facile ! Ma sœur est catégorique à ce sujet : « …il faut insister et défendre sa propre cause pour faire avancer son dossier. » Et si la personne ne se sent pas capable, ou est toute seule? Voilà une autre raison importante pour démanteler le tabou.

J’ai aussi un intérêt communautaire. Je crois que nous cherchons tous à trouver un juste équilibre dans tous les aspects de notre vie : physique, économique, spirituel, social et mental. C’est vivre le mieux-être! 

C’est pour ça que je tiens à être un instrument de transformation dans mon milieu… En fait, nous pouvons tous être des instruments de transformation. Tant mieux si notre communauté est très diverse ! Voilà une opportunité pour échanger nos meilleures pratiques d’équilibre de vie, de mieux-être. Comment atteindre cet équilibre sera différent pour chacun de nous.  Accepter que cette balance peut basculer de temps à autre est important. Pour rester en bonne santé mentale, nous devons apprendre à garder notre point d’équilibre.

Tabou no more : n’ayez pas peur de parler de la santé mentale dans les divers lieux de rassemblement tels qu’au travail, à l’école, à l’église, à la mosquée, en réunion, à un party. 

Cultivons l’écoute, sans porter jugement, et là, nous allons transformer le monde !

 


Référence :

http://www.cmha.ca/fr/sante-mentale/votre-sante-mentale

 

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