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S'exprimer autrement
Cette chronique, en collaboration avec La Cité universitaire francophone,  offre des textes dont les auteurs ont en commun d’avoir choisi le français comme langue seconde.

Qu’est-ce qui a marqué la francophonie en 2014 ?

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Conférence ministérielle sur la francophonie canadienne, tenue en juin 2014 à Charlottetown

Conférence ministérielle sur la francophonie canadienne, tenue en juin 2014 à Charlottetown

Les coupures à Radio-Canada et la fragilité des médias communautaires étaient à l’ordre du jour des membres de la Conférence ministérielle sur la francophonie canadienne, tenue en juin à Charlottetown.
(Photo CMFC)
Commentaires sur l'année 2014 par Marie-France Kenny , présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne - Claude Couture, professeur en études canadiennes au Campus Saint-Jean (Edmonton) - Éric Forgues, directeur général de l’Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques (Moncton) - Ian Roberge, directeur du département de science politique au collège Glendon (Toronto).

Avantage perdu

Marie-France Kenny, présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (Ottawa).

 « On a eu un recul avec l’élimination de l’Avantage francophone en immigration. On a vu des progrès dans ce dossier avec la prise de position conjointe des commissaires aux langues officielles du Canada, du Nouveau-Brunswick et de l’Ontario. Le Comité sénatorial sur les langues officielles a aussi fait des recommandations. On a eu une 2e Semaine nationale en immigration très réussie. 

« Il y a une collaboration accrue avec le nouveau gouvernement du Québec. La FCFA a eu beaucoup de rencontres avec le ministre Jean-Marc Fournier pour parler de différents dossiers : les compressions à la SRC et une fragilisation très préoccupante de nos journaux et radios communautaires.

« Mon plus gros dada, c’est qu’encore aujourd’hui, 45 ans après son adoption, la Loi sur les langues officielles n’est pas appliquée intégralement. C’est la seule loi qu’on ne prend pas au sérieux. Et la seule personne qui peut changer ça, c’est le premier ministre Harper. La nomination de Michaëlle Jean à la tête de la Francophonie internationale est un coup de cœur pour moi. Mais il faut donner l’exemple ici au Canada. »

Nord-Ouest bilingue

Claude Couture, professeur en études canadiennes au Campus Saint-Jean (Edmonton).

« En 2015, la cause Caron sera entendue en Cour suprême. Je ne peux pas voir comment le tribunal peut faire autrement que déclarer l’Alberta et la Saskatchewan bilingues. Favorable ou non, le jugement causera une vive réaction.

« Le premier ministre Prentice est un politicien astucieux et un bon leader. C’est un conservateur avec un petit ‘‘c’’ favorable au bilinguisme. Mais il vient d’intégrer au gouvernement des membres du parti Wildrose, du centre-droit. Plusieurs sont contre le bilinguisme. Comment ces gens-là réagiront-ils quand ils vont apprendre que l’Alberta devra être bilingue ? Ce sera un test très intéressant.

« Le dossier national le plus important pour la francophonie, c’est l’immigration. On a atteint la moitié de l’objectif visé de 4 %. Ça pose un problème parce que l’avenir est du côté de l’immigration. L’autre problème, c’est que les trois quarts des immigrants acceptés au pays depuis 40 ans n’ont ni le français ni l’anglais comme langue maternelle. Seulement 5 % sont francophones. Ça cause toutes sortes de déséquilibres. Il faut plus de francophones partout, sinon on ne va nulle part. »

Prise de conscience

Éric Forgues, directeur général de l’Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques (Moncton).

« Je veux parler d’un non évènement. C’est ce qui ne se passe pas qui m’inquiète le plus. Les organismes francophones ont vécu un recul par rapport au partenariat avec le gouvernement. On a accepté des conditions de travail définies par Ottawa. Les organismes s’adaptent et deviennent des instruments qui répondent aux priorités fédérales. Il n’y a plus de partenariat, donc moins de transparence. On ne sait pas trop ce qui va arriver à nos demandes. On attend, on attend et ça essouffle.

« Il y a des fondements constitutionnels derrière la relation avec le fédéral. Quand j’ai publié avec l’avocat Michel Doucet un rapport sur cette question, les réactions ont été positives. J’ai été agréablement surpris d’être invité en novembre à présenter le rapport aux organismes nationaux réunis au Forum des leaders à Ottawa.

« On a travaillé sur le rapport une bonne partie de la journée et on a vu une prise de conscience. On comprend que les organismes doivent être plus autonomes et reconnus comme partenaires. Ce qui peut ressortir de ce partage, ce sont des messages au fédéral. On peut avancer si on le fait collectivement. »

Tendance postsecondaire

Ian Roberge, directeur du département de science politique au collège Glendon (Toronto).

« Le dossier qui a dominé l’actualité franco-ontarienne a été l’éducation postsecondaire. On a tenu des états généraux et une très grande pression a été exercée sur la province pour créer une institution avec une gestion francophone. Je ne suis pas convaincu qu’on aura une nouvelle université. Le gouvernement voudra peut-être réinvestir dans les services actuels.

« Mais les efforts ne sont pas vains : on oblige le gouvernement à prendre le dossier au sérieux. C’est une question importante pas seulement pour l’Ontario. Il y a bien des francophones d’autres provinces qui viennent poursuivre leurs études ici. Mais si l’offre n’existe pas, ces inscriptions vont aller ailleurs.

« Les élections provinciales en Ontario pourraient avoir un impact sur le scrutin fédéral en 2015. On a vu les libéraux refuser l’austérité, promettre d’augmenter les impôts et investir dans l’éducation et les infrastructures. Ça montre qu’on peut gagner des élections avec du courage politique et du contenu sur la table. »

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