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S'exprimer autrement
Cette chronique, en collaboration avec La Cité universitaire francophone,  offre des textes dont les auteurs ont en commun d’avoir choisi le français comme langue seconde.

Dendroctone du pin dans les Cypress Hills

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Pin tordu
Depuis les années 1990, on entend beaucoup parler de l’infestation des forêts de l’Ouest canadien par le dendroctone du pin. Cet insecte a provoqué des épisodes de mortalité massive du pin tordu (Pinus contorta, ou lodgepole pine) en Colombie-Britannique pendant les années 1990 et 2000.

Les estimations de pertes forestières sur le plan commercial se font sur plusieurs années. En 2005, l’année où l’épidémie était à son plus haut, ces pertes ont été estimées à 752 millions de mètres cubes, soit 58% de la production de bois de pin commercial anticipée en 2017. Les impacts du dendroctone du pin se font donc encore sentir en Colombie-Britannique. Récemment, le dendroctone s’est établi dans la forêt boréale du nord de l’Alberta. Ce coléoptère s’attaque toujours principalement au pin tordu, mais semble être également capable de s’attaquer au pin gris (Pinus banksiana, Jack pine). Les spécialistes s’inquiètent de la possibilité que, sous des conditions favorables, le dendrochtone poursuive sa migration vers l’Est du Canada, dévastant les forêts de pin gris.  

Le dendroctone du pin est une espèce de coléoptère originaire des forêts de l’ouest de l’Amérique du Nord. Son aire de répartition s’étend du Mexique au nord de la Colombie-Britannique. Lorsque le dendroctone est présent dans les forêts en faibles densités, cet insecte a un impact positif sur la régénération de la forêt. L’aire de répartition du dendroctone est limitée par des hivers froids et des étés frais. De plus, lors d’étés chauds et secs, les mécanismes de défense des arbres sont affaiblis, facilitant l’entrée du dendroctone. Des années chaudes et sèches sont donc propices à l’éclosion de nouvelles épidémies.

Le dendroctone n’est pas directement responsable de la mort des arbres. Les larves et pupes de dendroctone se nourrissent d’un champignon pathogène pour les arbres (le champignon provoque entre autres un bleuissement du bois). Une fois adultes, les dendroctones sont souvent encore porteurs du champignon et le transmettent à l’arbre alors qu’ils creusent des galeries dans le bois. En effet, les adultes dendroctones se nourissent du phloème de l’arbre, c’est-à-dire le tissu conducteur de la sève situé sous l’écorce. C’est le champignon qui éventuellement causera la mort de l’arbre infecté en trois stades. Durant le stade vert, l’arbre a été infesté, mais les aiguilles ont encore leur apparence normale. On peut néanmoins détecter l’infestation en portant attention aux signes de la présence du dendroctone : de la sciure dans les crevasses de l’écorce et autour de l’arbre indiquant que les insectes creusent des galeries, ou des masses de résine de la taille d’un grain de maïs soufflé. Pendant le stade rouge, les défenses de l’arbre ont été brisées et le changement de couleur des aiguilles est un indicateur de la mort de l’arbre. Finalement, les aiguilles tombent et les arbres prennent une apparence grise.

En Saskatchewan, on retrouve le dendrochtone du pin dans la forêt du parc provincial Cypress Hills depuis les années 1980. Les récents hivers chauds ont entre autres contribué au maintien de cette population isolée dans les Prairies. En 2015, le ministère de l’Environnement de la Saskatchewan était optimiste au sujet du contrôle de l’infestation. En 2015, seulement 260 arbres infectés ont été recensés dans le parc, 221 dans le bloc ouest et 39 dans le bloc centre. C’est une importante diminution par rapport à 2013 alors qu’environ 440 arbres étaient infectés.

La méthode la plus communément utilisée dans les Cypress Hills pour contrôler les infestations de dendroctone est d’abattre les arbres infectés et de les brûler, ce qui permet de tuer les insectes avant qu’ils ne puissent s’attaquer à un autre arbre. Depuis 2014, une méthode complémentaire est entrée en jeu : des appâts de phéromones. Les phéromones sont des substances chimiques sécrétées par tout être vivant et qui visent à provoquer une réponse sociale chez d’autres membres de la même espèce. Les phéromones peuvent entre autres être utilisées comme signal d’alarme, pour indiquer l’accès à une source de nourriture, ou pour attirer un partenaire sexuel. Dans l’appâtage par phéromone, une phéromone synthétique est appliquée sur des arbres marqués dans le but d’y attirer les insectes. De cette manière, les insectes n’iront pas infecter d’autres arbres. La méthode semble pour l’instant donner de bons résultats.

Une manière de participer à la protection de nos forêts contre le dendroctone du pin est de ne pas transporter, entreposer, ou utiliser comme bois de chauffage des pins avec écorce.

Pour en savoir plus…

http://www.rncan.gc.ca/forets/feux-insectes-perturbations/principaux-insectes/13398

https://uofa.ualberta.ca/news-and-events/newsarticles/2014/august/attack-of-the-pine-beetle

http://www.lamtree.com/beetles_ss.html

 

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