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S'exprimer autrement
Cette chronique, en collaboration avec La Cité universitaire francophone,  offre des textes dont les auteurs ont en commun d’avoir choisi le français comme langue seconde.

À toi pour toujours ta Marie-Lou

Une belle production du Théâtre Oskana

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À toi pour toujours ta Marie-Lou du Théâtre Oskana

À toi pour toujours ta Marie-Lou du Théâtre Oskana

Émilie Dessureault-Paquette dans le rôle de Carmen
Photo: Jean-Pierre Picard (2016)

Tragédie aux répliques acerbes, À toi pour toujours ta Marie-Lou met en scène une famille dysfonctionnelle, aux prises avec la solitude, la violence, l'ignorance et la peur de l'inconnu.   

Devenue chanteuse western, Carmen rend visite à sa sœur Manon, obsédée par la mort tragique de leurs parents dix ans auparavant. On assiste à un véritable chassé-croisé de dialogues qui ont lieu à dix ans d'intervalle, entre des personnages isolés même si vivant, ou ayant vécu, sous le même toit. 

Le décor, signé Raymond Michaud et réalisé avec les élèves en menuiserie de l'École Mgr de Laval, est très efficace. Un espace central vide autour duquel sont installés quatre univers complètement différents :  la taverne pour le père (Gilles Groleau), le salon pour la mère (Annie Audet), la chambre pour Manon (Cassandra Gareau) et le bar pour Carmen (Émilie Dessureault-Paquette).

Dans cet espace sans âme, les personnages écorchés se parlent sans que jamais les regards ne se croisent, saisissants tableaux de l'impasse dans laquelle chacun est confiné. Sauf, peut-être, Carmen... 

Pas de maillon faible dans la distribution. Même si Émilie et Cassandra en étaient à leur première expérience sur scène, l’ensemble du jeu était solide et convainquant.  Chaque comédien/ne a eu ses moments forts : Manon qui a l'impression de « flotter » quand elle prie, Carmen et sa détermination de « s'en sortir », le père prisonnier de sa petite vie et de sa « tabarnak de machine ». Quant à la mère, il faut souligner l’excellente performance d’Annie Audet dans le rôle de cette femme usée, désillusionnée, qui rêve au jour où, son mari enfin parti, elle pourra « tricoter et avoir la paix, la sainte paix ».

On ne peut que regretter que le public ait boudé cette production. 103 personnes en tout, c'est peu surtout que le public anglophone pouvait bénéficier de surtitres en anglais. Alors qu'on parle et reparle de la culture francophone, on peut se questionner sur l'importance qu'on lui accorde vraiment quand on ne se déplace pas pour assister à ses manifestations.  Dommage, celle-ci valait vraiment le détour.

À toi pour toujours ta Marie-Lou

Extraits vidéos (3 minutes)
 

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