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Le point sur le RIF - Chronique du Réseau en immigration francophone de la Saskatchewan

Une pionnière de l’enseignement des arts industriels récompensée

Une pionnière de l’enseignement des arts industriels récompensée
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L’année 2022 s’est bien terminée pour la Fransaskoise Julie Lemire qui s’est vu remettre, le 4 novembre, le Saskatchewan Youth Apprenticeship (SYA) Champion Award, un prix qui souligne les réalisations exceptionnelles d’enseignants du secteur des arts industriels de la province.

Originaire de Prince Albert, Julie Lemire compte une trentaine d’années d’enseignement des arts pratiques et appliqués. Si elle a fait de l’éducation auprès des jeunes du secondaire la pierre angulaire de sa carrière, elle s’est aussi largement impliquée dans son corps de métier en devenant notamment la première femme présidente de la Saskatchewan Industrial Arts Educators Association.

Aujourd’hui à la retraite, la Fransaskoise a su, à force de dévouement, de détermination et de passion, briser le plafond de verre. Rencontre avec une précurseur qui a ouvert la voie.

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Des élèves de Julie Lemire à l’école secondaire O’Neill de Regina Crédit: Courtoisie

Que représente le prix qui vous a été décerné en hommage à votre contribution exceptionnelle au secteur des arts pratiques et appliqués en Saskatchewan ?

J’ai été pas mal surprise ! Ce prix est une reconnaissance que j’apprécie beaucoup, car des fois c’est difficile d’être une minorité !

Vous êtes en quelque sorte une double minorité, à la fois francophone et femme dans un milieu à prédominance masculine ?

Oui ! À la fin des années 1980, on était seulement trois enseignantes des arts industriels au Canada : une vivait à Vancouver, l’autre en Ontario et moi en Saskatchewan. Je m’étais inscrite au Women in Trades and Technology, un regroupement de femmes qui travaillaient dans les métiers pour connaître d’autres femmes qui vivaient la même expérience.

Comment avez-vous réussi à briser ce fameux plafond de verre ?

J’ai mis sur pied des programmes pour encourager les femmes et les filles à entrer dans les métiers non traditionnels, comme la menuiserie ou la mécanique. Dans les années 1990, j’ai participé à un co-pilote à Balgonie, puis à Regina. Ça s’appelait Construction Technology for Women pour les filles de la 10e à la 12e année.

Diriez-vous que les choses ont évolué depuis les débuts de votre carrière ?

À partir des années 2000, il y a eu comme un changement dans la société. Maintenant, on voit des femmes dans toutes sortes de métiers. Au début des années 1980, pour voir une femme conduire un autobus, c’était toute une affaire ! L’été dernier, il y avait des travaux devant chez moi, puis c’étaient des jeunes femmes qui conduisaient les grosses machines et on n’en fait pas de quoi !

Qu’est-ce qui motive les jeunes à choisir une carrière dans les arts industriels selon vous ?

Ça fait plus de trente ans que je travaille avec les jeunes et je les ai toujours encouragés dans cette voie. C’est une énorme valeur pour les jeunes. Ça leur donne une plus grande vision sur les possibilités d’emplois. Ça leur permet aussi de découvrir leurs talents et leurs habilités, et d’apprendre à se connaître. Ça bâtit l’estime de soi.

Puis, les programmes d’Arts pratiques et appliqués (APA) au secondaire, c’est très large. On parle de littératie financière, d’entrepreneuriat, c’est toute une gamme, pas juste le bois, la mécanique et la soudure.

Comment vous êtes-vous intéressée à ces métiers ?

Mon père était menuisier, alors je connaissais les outils, je pouvais les identifier et m’en servir, mais jamais je n’aurais imaginé ça comme carrière !

J’ai commencé par un diplôme en horticulture, puis j’ai eu un emploi avec Agriculture Canada, au centre de recherche sur le campus de l’Université de la Saskatchewan. C’est là que j’ai commencé à suivre des cours en éducation.

Plus tard, j’ai obtenu une maîtrise en éducation de l’Université de Regina avec une spécialisation en curriculum et instruction.

En fin de carrière, toujours dans le monde de l’éducation, vous êtes « retournée à la source ». Pouvez-vous nous expliquer comment ?

Effectivement, vers la fin, j’ai travaillé pour les écoles fransaskoises. J’ai été directrice de l’école Père Mercure de North Battleford pendant cinq ans, puis j’ai été conseillère pédagogique au Conseil des écoles fransaskoises.

Le français a toujours été important pour moi. Je suis originaire de Prince Albert, mes parents sont nés en Saskatchewan, on est de fiers Fransaskois, toute la famille parle encore français.

Mes neveux et nièces ont été les premiers à fréquenter l’école Valois de Prince Albert et l’École canadienne-française de Saskatoon. Je suis très contente d’avoir pu finir ma carrière en français, pour redonner à la communauté et rendre hommage à mes parents.